Visite de Central Park

[Réservé]

Cela faisait au moins une heure que Penelope se promenait dans Central Park, c’était un dimanche ensoleillé, on comprenait donc pourquoi le parc était bondé. Cela ne dérangeait pourtant pas la jeune femme, cela lui semblait naturel de voir toutes ces personnes grouiller comme des fourmis. Elle ne s’était pas attendue à autre chose en venant s’installer à New York. C’était d’ailleurs une des raisons de sa venue dans cette ville, elle pensait que la carrière de journaliste serait plus fructueuse dans une grande ville. Elle n’avait pas encore pu en faire la constatation car elle attendait toujours une éventuelle réponse à sa candidature.

Après avoir franchi un ponton de granit qui enjambait un petit canal, elle se trouva à proximité d’un grand lac. Elle pouvait apercevoir des kayaks dont les rames formaient des vaguelettes sur l’étendue d’origine calme. Le soleil tapait et Penelope, vêtue d’un jean et d’un top blanc, avait un peu chaud. Elle regretta de ne pas avoir plutôt opté pour une robe d’été. Elle s’installa donc sur un banc, à l’ombre d’un saule pleureur dont les branches tombaient élégamment sur l’eau. Elle contempla la beauté de la nature, malheureusement artificielle. Elle observa aussi des enfants au bord du lac qui s’amusaient à faire des ricochets, cela lui rappela son enfance. Puis, elle songea à ce qu’elle pourrait visiter après le parc. Elle avait voulu commencer sa visite de New York par Central Park parce que ces derniers jours lui avaient donné envie de repos. Des huit heures d’avion à l’achat de son appartement en passant par différentes agences, tout cela ne lui avait pas laissé une minute de répit. C’est aujourd’hui, jour où presque tout était fermé, qu’elle avait décidé de profiter pleinement de son temps libre.

C’était un dimanche comme tous les autres pour Soraya, enfin pas vraiment, c’était son premier dimanche à New York, ville des ses espoirs. Elle avait voulu profiter de sa première journée ici pour composer une chanson. Mais elle n’aurait pas trouvé l’inspiration nécessaire en restant cloîtrée dans son appartement alors qu’au dehors il y avait un soleil radieux. C’est pourquoi elle avait décidé d’aller se promener, mais bien sur elle n’était pas allée dans le centre-ville, celui-ci était trop bruyant et trop agité pour qu’elle puisse composer quoi que ce soit de correcte. C’était donc vêtue d’un top brodé et d’un pantalon de lin qu’elle était sortie de son appartement à Idlewood. Le lieu qui lui avait semblé le plus idéal était sans conteste le parc. Du moins ça l’aurait été si ce jour n’était pas dimanche. Lorsqu’elle fut arrivée, elle pu s’étonner de la foule, elle savait que New York était une ville populaire – sinon elle ne serait pas venue habiter ici – mais elle ignorait que le parc était envahi de promeneurs le dimanche après-midi. Mais malgré la foule, elle pouvait quand même se promener sur les ruelles pavées qui dessinaient entre les arbres centenaires du parc. Le chant des oiseaux qui avaient élu domicile dans ces arbres était reposant. Elle chercha des yeux un lieu ombragé, mais pas non plus éloigné de tout. Elle avait repéré quelques bancs, mais tous était déjà occupé par des jeunes couples ou des personnes âgées qui nourrissaient les oiseaux avec des mies de pains.

Tout en continuant sa promenade, elle pu remarquer que non loin d’où elle se trouvait il y avait un immense lac. Quelques arbres bordaient celui-ci; l’endroit parfait pour composer. Elle se dirigea alors vers un des seuls bancs qui pouvait encore accepter une personne. Sur celui-ci se trouvait une jeune femme, elle semblait admirer le paysage. Quoi de plus naturel ? Il était si merveilleux. Elle s’arrêta à côté de banc et s’adressa à la jeune femme.

« Bonjour. Excusez-moi, cette place est-elle prise ? »

Elle désigna l’extrémité du banc et attendit la réponse.

Penelope sursauta légèrement lorsqu’elle entendit une voix lui demander si la place à côté d’elle était libre. Elle tourna la tête et vit une jeune femme d’une vingtaine d’années. Elle lui adressa un sourire.

"Bonjour, oui cette place est libre", répondit-elle avec son accent espagnol qui n’échappait à personne.

Elle regarda les alentours et aperçut un couple qui faisait demi-tour, apparemment exaspéré.

"Avec le monde qu’il y a, une minute aurait suffi pour rendre cette place occupée", dit Penelope en souriant.

La jeune femme sur le banc précisa à Soraya, avec un fort bel accent espagnol, que la place était inoccupée. Soraya lui sourit et alla donc s’installer à l’extrémité du banc. Elle avait tourné la tête vers le couple juste avant qu’il ne soit partit hors de sa vue.

« Oui, c’est incroyable le monde qu’il y a ici. J’ai du parcourir une grande partie du parc pour trouver cette place. Enfin au pire, je me serai assise au bord de l’eau. »

Elle avait déjà commencé à sortir son bloc-notes et un bic. Mais comme elle ne connaissait personne à New-York, elle eut envie de parler avec la jeune femme.

« Au fait, je m’appelle Soraya. Vous êtes espagnole n’est-ce pas ? »

Elle tendit sa main vers l’occupante du banc tout en lui adressant un sourire amical.

Penelope regarda la jeune femme sortir un bloc-notes et un bic, elle voulut lui demander ce qu’elle comptait faire mais celle-ci se présenta et demanda si Penelope était espagnole.

"Enchantée, moi c’est Penelope", lui dit-elle en serrant sa main.

"Oui, je suis bien espagnole, vous dites sûrement ça à cause de mon accent", supposa-t-elle en souriant.

Puis ses yeux se posèrent sur ce que tenait en mains la jeune femme.

"Vous êtes dessinatrice, ou écrivain peut-être ?"

« Ravie de faire votre connaissance » répliqua Soraya, un sourire aux lèvres.

« C’est exacte, c’est grâce à votre accent, très joli d’ailleurs. J’ai toujours aimé les accents espagnols et italiens. »

Penelope lui demanda ensuite si elle était écrivain ou dessinatrice, sans doute à cause du bloc note que Soraya avait sorti.

« Ho non, ni l’un ni l’autre, j’aimerais me lancer dans un carrière de chanteuse. Cela fait déjà longtemps que j’y pense. Et vous ? Quel est votre métier ? Si ce n’est pas indiscret… »

Soraya reposa son bloc-notes sur ses genoux et y accrocha le bic. Peut-être écrirait-elle plus tard.

Penelope sourit au compliment sur son accent. Puis Soraya lui apprit qu’elle aimerait se lancer dans la carrière de chanteuse et demanda quel était le métier de Penelope.

"Oh, eh bien je souhaite de tout cœur que vous connaissiez la route du succès", lui dit-elle sur un ton d’encouragement.

"Quant à moi, j’ai postulé pour avoir une place en tant que journaliste mais je n’ai malheureusement pas encore reçu de réponse et si on ne m’embauche pas, je ne sais vraiment pas ce que je ferai. Je devrai sûrement retourner en Espagne"

A cette pensée, Penelope eut un sentiment de découragement, l’impression que tous ces objectifs n’étaient qu’en fait que de purs espoirs. Elle essaya de se rassurer.

*Il n’y a aucune raison à ce qu’on ne m’engage pas : j’ai un diplôme et une parfaite maîtrise de l’anglais*

"Enfin, je ne vais pas vous ennuyer avec mes angoisses. Parlez-moi plutôt de New York, ce n’est pas une ville trop dangereuse ?"

Penelope encouragea Soraya et lui souhaita de réussir, ce que cette dernière apprécia beaucoup.

« Merci, c’est très gentil à vous. »

Penelope lui parla à son tour de son travail, et du risque qu’elle courait si elle n’avait pas la place de journaliste.

« Je ne vous connais sans doute pas assez pour dire ça, mais néanmoins, je ne sais pas pourquoi, je suis certaine que vous serez prise. Ce que bien sur j’espère pour vous. Ce serait vraiment bête de devoir retourner en Espagne. Je suppose que le voyage doit coûter assez cher en plus. Mais sachez que vous ne m'ennuyer nullement. Je suis même bien contente de pouvoir un peu discuter. »

Soraya, elle aussi, avait plutôt intérêt à avoir une carrière fructueuse, sinon, elle pourra bien rentrez à Nancy.

« A vrai dire, je ne crois pas en savoir beaucoup plus que vous sur New-York, je suis arrivée ici hier, et tout ce que j’en connais, c’est ce qu’on disait autour de moi. Je crois juste savoir que comme partout il y a des zones plus dangereuses que d’autres. »

Soraya regarda alors le parc et ses environs. Vu sous cet angle, New-York n’avait pas l’air d’être une ville terrible. Et même au contraire elle avait plutôt l’air calme et paisible, où la bonne humeur est maître-mot. Mais comme on dit ; il ne faut pas se fier aux apparences.

Soraya rassura Penelope à propos de son futur travail et affirma que ce serait vraiment dommage de retourner en Espagne. La jeune femme assura aussi à Penelope qu’elle ne l’ennuyait pas et qu’elle était même contente de discuter avec quelqu’un.

"Je vous remercie de me rassurer", dit-elle en souriant pour témoigner sa gratitude.

Soraya répondit ensuite à sa question sur le danger de New York, elle déclara qu’elle n’en savait pas plus que Penelope puisqu’elle n’était dans cette ville que depuis hier. Elle était juste au courant qu’il y avait des zones plus dangereuses que d’autres. Penelope fut étonnée d’entendre que la jeune femme n’était pas originaire de cette ville. Elle croyait parler à une vraie New Yorkaise mais il n’en était rien.

"Oh ! je croyais que vous habitiez dans cette ville depuis toujours, ou depuis plusieurs années tout de moins. En fait, je ne sais pas pourquoi je me suis mise cette idée en tête. Comme quoi, on se fait souvent de fausses idées sur les gens"

Ainsi, Penelope parlait à une personne qui était dans le même cas qu’elle : ignorante à propos de tout ce qui concernait New York et insouciante vis-à-vis du danger qui occupait une place importante dans cette ville.

"En tous cas, je n’aurais jamais pensé que je discutais avec quelqu’un qui a emménagé ici encore plus récemment que moi. Voyez-vous, je suis ici depuis une semaine", dit-elle en ayant tout à coup l’impression de ne plus être « la » petite nouvelle.

« Mais c’est tut naturel » Répondit Soraya au remerciement de Penelope.

« Hé non, je n’habite pas ici depuis toujours, bien que ça m’aurait plus. Je n’en sais rien et je vais sans doute paraître un peu vantarde, mais si vous pensiez que j’habitais ici, c’est peut-être parce que je parle assez bien l’anglais. Je dois dire, que j’étudie cette langue depuis presque 10 ans. Mais c’est bien vrai qu’on se fait des idées sur les gens. Voyez-vous, moi-même, je n’aurais jamais pensé que vous étiez journaliste… »

A vrai dire, Soraya la voyait plus comme une actrice, une comédienne, ou quelque chose dans ce domaine la. Mais pas journaliste.

« Une semaine ? Vous avez donc pu un peu vous familiariser avec la ville, non ? Au fait, dans quel quartiez habitez-vous ? Si ce n’est pas indiscret bien sur. »

Soraya, il fallait bien l’avouer était curieuse de nature, et elle avait voulu savoir dans quel quartier Penelope habitait pour se faire une idée de ceux qui étaient plus fréquentables que d’autres. Elle n'aurait pas voulu se promener et mal tomber.

"Oui, en effet, vous maîtrisez parfaitement l’anglais", affirma Penelope.

Si l’anglais n’était pas la langue maternelle de Soraya, Penelope se demanda d’où la jeune femme pouvait venir. Puis après réflexion, il était vrai que le prénom « Soraya » n’avait rien d’Américain mais plutôt d’Asiatique. Elle devait sûrement être d’origine marocaine.

"Est-ce que je me trompe si je pense que vous êtes marocaine ?"

Soraya lui fit part qu’elle n’aurait jamais imaginé que Penelope était journaliste (ou plutôt allait être journaliste).

"Ah bon ? Pourquoi cela ? En quoi m’auriez-vous vu alors ?"

Soraya supposa ensuite que Penelope avait pu se familiariser avec la ville et demanda dans quel quartier elle habitait.

"Oh je ne sais pas si on peu dire que je me suis familiarisée, c’est un bien grand mot. A vrai dire, je me suis plutôt familiarisée avec mon appartement…et les agences, dit-elle en riant.
Pour répondre à votre question, j’ai choisi de m’installer à Idlewood, il est réputé pour être un quartier sûr…enfin, d’après ce qu’on m’a dit. Et vous, dans quel quartier habitez-vous ?"

Penelope questionna Soraya sur sa nationalité, elle la pensait marocaine, et effectivement, il y avait une part de vrai.

« Maroco-Égyptienne pour être précise, mais je vivais en France, et j’ai étudié l’anglais pendant au moins dix ans. »

Ensuite, Penelope aurait aimé savoir en quoi la voyait Soraya, à vrai dire, c’était plutôt difficile à savoir, mais c’était sans doute en tant qu’actrice qu’elle la voyait le mieux, elle lui en fit donc part.

« Et bien, je vous voyais plus en actrice, ou un métier de ce genre… »

Soraya sourit à la remarque de Penelope sur les agences.

« C’est vrai que s’installer dans une ville demande beaucoup d’initiatives administratives, je suis passée par la moi aussi. Idlewood ? Figurez qu’on m’a aussi renseigné ce quartier comme sûr, c’est donc là que je me suis installée. En tout cas, il faut croire qu’il n’y a pas de danger la bas, si déjà plusieurs personnes en disent du bien. Si ça trouve, nous sommes peut-être même voisines. »

Mais à bien y réfléchir, il y avait quand même une semaine entre leur deux installations, donc entre temps des nouveaux locataires étaient peut-être arrivés.

Soraya lui répondit qu’elle était maroco-égyptienne mais qu’elle vivait en France et qu’elle avait étudié l’anglais pendant au moins dix ans.

"Oh…vous êtes la première personne ayant des origines égyptiennes que je rencontre. Vous savez parler l’arabe et l’égyptien ?"

Soraya dit à Pénélope qu’elle l’aurait plutôt vue en actrice ou quelque chose comme ça.

"Ah bon…si vous le dites", répondit Penelope en riant.

Soraya lui appris qu’elle aussi habitait à Idlewood et parla de ce quartier.

"Que ce quartier ne soit pas dangereux me rassure. Je sais bien qu’à New York il n’est pas bon de faire confiance aux gens qu’on ne connaît pas bien mais pour une fois je vais prendre ce risque. J’habite à l’appartement n°25 et j’ai déjà vu un homme sortir de l’appartement n°26. Nous ne somme donc pas tout à fait voisines mais sûrement de très proches voisines"

« Pas vraiment non, enfin peut-être quelques mots mais sans plus, car je n’ai jamais vraiment vécu dans ces pays. En tout cas jamais en Egypte, mais si je me souviens bien de ces que mes parents m’ont dit, je suis quand même restée environs un an au Maroc. Ce qui n’est pas suffisant pour en apprendre la langue. »

Soraya écouta alors attentivement ce que lui dit Penelope au sujet du quartier et de l’appartement. Elle aussi avait été prévenue par ses parents, ils lui avaient également dit de faire attention à ce que peuvent dire certaines personnes.

« Oui, nous sommes de très proches voisines car moi j’habite dans l’appartement 27. A vrai dire je n’ai vu personne sortir des appartements avoisinant le mien. »

En regardant les alentours, Soraya remarqua que, perché sur le dossier du banc, un oiseau aux couleurs exotiques chantait d’une vois majestueuse.

*Il est vraiment beau cet oiseau*

Elle reporta enfin son attention sur Penelope.

"C’est dommage que vous n’avez jamais vécu en Egypte, ça doit être un merveilleux pays. Enfin, vous avez tout le temps de le découvrir"

Penelope écouta Soraya parler à propos de son appartement. Elle n’avait rien à ajouter et posa plutôt ses yeux sur ce que Soraya regardait. Il s’agissait d’un petit oiseau posé sur le dossier du banc. Celui-ci s’envola et disparut entre les arbres. Cela rappela à Penelope qu’elle non plus ne devait pas s’éterniser sur ce banc. Sa visite n’était pas du tout finie, elle voulait encore se promener dans les rues de New York.

"Bon, il est temps pour moi de vous dire au revoir. J’espère que l’on se reverra, que ce soit à Idlewood, dans une rue new-yorkaise ou même ici", dit-elle en souriant.

Penelope se leva, prête à partir.

« Je songerai à y aller une fois, ne serait-ce que pour voir les coutumes de mon pays. »

Alors que l’oiseau s’envolait, Penelope se leva du banc et annonça qu’il était temps qu’elle parte.

« Je serais ravie de pouvoir à nouveau vous parler. A bientôt et bonne visite, si vous la continuez. » Répondit-elle en souriant à la jeune femme.

Soraya, quant à elle, n’allait pas partir maintenant. À près tout, elle était venue ici pour composer, et bien c’est ce qu’elle allait faire. La visite attendrait bien, elle allait avoir tout le temps pour ça. Elle se cala plus confortablement sur le banc et ressortit son bloc note et son bic. Elle réfléchit quelques instants, puis commença à prendre des notes, des bouts de phrases qu’elle n’aurait plus qu’à assembler. Elle releva la tête pour voir si Penelope était toujours là, mais celle-ci était déjà partie. Elle dirigea alors son regard vers le lac, repartant dans ses pensées.